– Pour la vulgarisation du Code de l’enfant au Bénin – Un beau conte de fée
– Electricité solaire au foyer – Rapport de stage
Rapport de Stage d’ Eva LIEGARD
2ème année
Animation Social et Socioculturelle
Option Développement Local et Interculturel
Eva LIEGARD Rapport de Stage Année 2012/2013
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I- Mon parcours Personnel……………………………………………………………………………………………. 4
I- 1) Avant l’I.U.T. Michel De Montaigne………………………………………………………………………. 4
I-1.a) A l’I.U.T. Michel de Montaigne……………………………………………………………………………. 5
II- Situation géographique du Bénin……………………………………………………………………………… 6
II) Le Bénin……………………………………………………………………………………………………………….. 7
II-1) Contexte historique de 1960 à aujourd’hui……………………………………………………………… 7
II-2) La culture ………………………………………………………………………………………………………….. 8
II-2.a) les langues ……………………………………………………………………………………………………….. 8
II-2.b)La population …………………………………………………………………………………………………… 9
II-3) la ville de Porto Novo ………………………………………………………………………………………… 9
III) Le trafic d’enfants et le phénomène « Vidomegon » ……………………………………………….. 10
IV) La structure :………………………………………………………………………………………………………. 11
IV-1) L’Oasis de Tokpota…………………………………………………………………………………………… 11
IV-1.a) Présentation de « Bénin Espoir »……………………………………………………………………… 11
Objectifs de la structure……………………………………………………………………………………………… 11
IV-2) L’Oasis de Tokpota…………………………………………………………………………………………… 12
Le public visé……………………………………………………………………………………………………………. 12
IV-2.a) Les travailleurs au sein de l’association……………………………………………………………… 12
V) Les financements et les types d’actions…………………………………………………………………… 14
V-1) Financement provenant de BSF France/Bénin……………………………………………………….. 14
V-1.a) Collectivités territoriales…………………………………………………………………………………… 14
V-1.b) Fonctionnement du parrainage…………………………………………………………………………. 14
VI) La procédure d’élection des filles………………………………………………………………………….. 15
VI-1) Pourquoi Porto Novo ?……………………………………………………………………………………… 16
VII) En pratique……………………………………………………………………………………………………….. 16
VII-1) L’insertion professionnel………………………………………………………………………………….. 17
VIII) Logistique de mon voyage…………………………………………………………………………………. 17
Avant mon départ……………………………………………………………………………………………………… 17
VIII-1.a) Le logement, les repas………………………………………………………………………………….. 18
VIII-1.b) Le passeport, les visas………………………………………………………………………………….. 18
VIII-1.c) Les transports……………………………………………………………………………………………… 18
IX) Mon projet au sein de l’association………………………………………………………………………… 19
IX-1.a) le projet initial……………………………………………………………………………………………….. 19
IX-1.b) Evolution des activités……………………………………………………………………………………. 19
IX-2) Les limites des animations…………………………………………………………………………………. 21
IX-3) La messe…………………………………………………………………………………………………………. 25
IX-4) Le travail de terrain…………………………………………………………………………………………… 26
X) Bilan du stage………………………………………………………………………………………………………. 27
X-1.a) Point de vue professionnel……………………………………………………………………………….. 27
X-1.b) Point de vue personnel…………………………………………………………………………………….. 28
Remerciement
L’équipe de l’Oasis de Tokpota m’a durant toute la durée du stage soutenue et répondu à mes questions.
Edmée Say m’a accordé de son temps pour m’expliquer l’histoire du Bénin, celle de Port Novo et a été toujours présente lorsque je nécessitais des explications. Georgette, Bertille et Micheline, les éducatrices du centre ont aussi fait la réussite de mon stage, en me guidant sur mes questions relatives à la culture béninoise et sur le fonctionnement du centre.
Les 17 filles de l’Oasis avec qui j’ai vécu durant ces six semaines de stage ont enrichi mon séjour et rendu cette expérience de stage un moment agréable et instructif.
Je souhaite remercier Jean-Luc Richelle pour sa confiance en mon projet et l’IUT Michel de Montaigne pour m’avoir offert l’opportunité d’un stage à l’étranger, au Bénin. Cette décision n’a pas été sans formuler certaines réserves du à la situation actuelle en Afrique de l’ouest notamment.
J’aimerais remercier aussi les personnes qui ont fait que ce projet soit possible, Dragoss Ouedraogo, chercheur et professeur d’anthropologie du cinéma, président du MBDH (Mouvement Burkinabé Démocratique des droits de l’Homme et des Peuples) qui m’a encourager et aider dans ma construction d’un regard critique sur la politique et la société civile en Afrique de l’ouest.
I- Mon parcours Personnel
Mes parcours professionnels et personnels m’ont amené à intégrer la formation Animation sociale et socioculturelle (A.S.S.C.) que proposent l’Institut Universitaire et Technologique Michel de Montaigne à Bordeaux. Je suis avant passé par une série de réflexion sur ce que j’envisageais pour mon avenir.
I- 1) Avant l’I.U.T. Michel De Montaigne
En 2008, j’ai eu mon baccalauréat Littéraire option Cinéma audiovisuel au lycée de Bréquigny à Rennes. Cette expérience m’a apporté un premier regard sur l’animation. Avec ma classe, nous participions à plusieurs animations sur des festivals de cinéma. A cette époque, le monde associatif m’attirait, notamment les collectifs de cinéma visant à sa vulgarisation et la sensibilisation aux images, tels que « clairs obscur »[1] ou encore « travelling »[2]
Après mon baccalauréat, j’ai commencé une faculté de Langue et Civilisation Etrangère à Rennes II. L’Amérique latine est un continent qui m’intéresse particulièrement, notamment à travers son cinéma.
De plus, grâce à cette formation, j’espérais avoir le temps de préparer un Service Volontaire Européen (S.V.E.) en Espagne. L’altérité et la connaissance d’une autre langue me paraissent deux notions indispensables dans la vie, car, cela permet d’interroger nos propres habitudes.
A cette période de ma vie, j’avais une très forte envie de partir à l’étranger.
J’ai saisi l’opportunité du S.V.E. Je suis allée durant dix mois en Espagne, à Santiago de Compostela. Je devais développer et favoriser les échanges interculturels, au sein d’un quartier ou le centre socioculturel était implanté. J’ai donc travaillé avec les habitants, dont la majorité appartenait à la communauté gitane sédentarisée.
Nous avons monté ensemble des projets tels qu’un festival de cinéma sur Miyazaki pour les enfants, des classes de culture française à partir de 12 ans, des animations autours de la notion de paix pour les 8 à 12 ans.
I-1.a) A l’I.U.T. Michel de Montaigne
Cet IUT situé à Bordeaux m’a semblé être en adéquation avec ma vision de l’animation socioculturelle. Il accorde en effet une place importante aux pratiques culturelles et aborde les différentes notions relatives aux champs du social.
L’Institut Michel de Montaigne, m’a apprit à structurer mes actions et à laisser la parole aux participants.
De plus, le stage de première année au cinéma associatif le « Jean Eustache » à Pessac, m’a permis de mettre à plat mes acquits et ce qu’il fallait que j’améliore. Je sais que je peux gérer un groupe d’enfant seule ou accompagnée, que je fais preuve d’initiative et que je m’adapte facilement. Lors de mon stage de deuxième année, je veux savoir expliquer d’avantage les objectifs de travail.
Cette période de stage m’a servi à envisager un avenir professionnel dans le cinéma itinérant. Je veux continuer à travailler sur les techniques de l’audiovisuel et sur l’éducation à l’image afin de sensibiliser différents publics.
Partir à l’étranger pour mon stage de seconde année était un de mes objectifs depuis mon intégration de la formation.
J’ai personnellement un attrait pour le voyage, c’est donc rapidement que j’ai contacté des structures à l’étranger.
Une amie en Gestion des Administrations et de l’Humanitaire (GDAH) à l’I.U.T. Michel de Montaigne m’a parlé de son expérience positive dans l’ONG « Association pour la Paix et la Solidarité » de Ouagadougou, au Burkina Faso. J’ai contacté l’association et monté un projet avec eux. La faculté avait dans un premier temps accepté, mais, avec les nombreux problèmes dans la zone du Sahel et la situation au Mali, pays limitrophe, il a fallut que je trouve une autre structure.
J’ai redirigé mes recherches vers le Ghana, le Togo et le Bénin.
C’est au Bénin que je trouve finalement une structure intéressée par mon profil et en capacité de m’acceuillir. Je suis donc à « l’Oasis de Tokpota » au sein du foyer d’accueil de jour et de nuit pour les jeunes filles sans ressource.
J’ai choisi cette structure pour découvrir ce type de centre dans un premier temps puis parce qu’elle me permet de connaître Porto Novo, la capitale du Bénin, et ainsi de créer d’éventuels contacts professionnels avec ces pays. De plus, l’envie de savoir comment l’animation sociale et socioculturelle est abordée au Bénin est un point clef de mon stage.
II- Situation géographique du Bénin
Le Bénin est un petit pays d’Afrique de l’Ouest (115.762 km2 et un peu moins de 9 millions d’habitants) entre le Nigeria et le Niger à l’Est le Togo à l’ouest et le Burkina Faso au Nord.
Ce pays bénéficie d’un accès à l’océan Atlantique sur sa côte, au sud du pays. C’est un pays côtier, se distinguant par ses nombreux lacs et lagunes.
II) Le Bénin
II-1) Contexte historique de 1960 à aujourd’hui[3]
Le Bénin a accédé à l’indépendance complète le 1er août 1960, sous le nom de République du Dahomey. C’est une ex colonie française. Les pouvoirs ont été transmis au président Hubert Maga par le ministre de l’Etat français Louis Jacquinot. En 1972, l’officier Mathieu Kérékou prend le pouvoir. En 1974 le marxisme-léninisme est adoptée comme idéologie officielle du gouvernement. En 1975, il rebaptise le pays République populaire du Bénin. À la fin des années 1980, de graves difficultés économiques conduisent à la fin du régime : le Bénin entame un processus de transition démocratique et, en 1990, adopte une nouvelle constitution. Le nom de Bénin est conservé, le pays devenant simplement la République du Bénin. Mathieu Kérékou, battu aux élections, abandonne le pouvoir. Il y revient démocratiquement par les urnes en 1996, et ne rétablit pas la dictature ; il gouverne le pays jusqu’en 2006. Le régime politique du Bénin est de type présidentiel et l’actuel président de la République est Yayi Boni, qui a succédé à Mathieu Kérékou lors des élections du 19 mars 2006.
La capitale officielle est Porto-Novo au sud du pays-là où est situé mon lieu de stage-Cotonou étant la capitale économique et la ville la plus peuplé du Bénin.
Depuis la fin de la République populaire du Bénin, le pays possède une image très forte de pays démocratique dans toute l’Afrique subsaharienne.
Il est classé 163ème sur 175 au rang des pays les plus pauvres.
II-2) La culture [4]
Le Bénin bénéficie d’un grand brassage culturel, symbolisé par les nombreuses ethnies qui composent son peuple : Fon, Mina, Yoruba, Barika, Adja, Peul sont les grandes figures de ce pays.
Il y a une influence visible de la culture brésilienne. Des descendants d’esclaves se sont effectivement réinstaller dans leur pays d’origine. Le Bénin est effectivement l’un des principaux lieux de la sortie des esclaves au XVIIIe siècle.
Nous pouvons remarquer ce mélange de cultures notamment dans les instruments de musiques- j’ai pu entendre des batukadas[5] dans les rues- et les danses béninoises.
II-2.a) les langues [6]
Le français est la langue officielle du Bénin. L’anglais est utilisé dans les affaires, notamment pour les échanges avec le Nigéria voisin.
Une cinquantaine de langues africaines sont parlées au Bénin mais seule une vingtaine dépassent un cercle restreint parmi lesquelles le Fon (parlé par environ un quart de la population et par les filles de mon centre), le Yoruba, le Goun, le Mina, l’Adja et la Bariba
La plupart des Béninois utilisent le français, le fon, le yorouba ou le Bariba comme l’une des langues véhiculaires.
Cependant, le prestige du français comme langue des communications interethniques, ainsi que dans les domaines de la radio, la télévision et du travail, rend son acquisition pratiquement indispensable en milieu urbain. Même analphabètes, beaucoup de Béninois se donnent du mal pour pouvoir comprendre et articuler le français.
II-2.b)La population [7]
Au bénin, près de 45% des 9 000 000 d’habitants ont moins de 15 ans.
Le taux de fécondité par femme est d’environ 5,2 enfants par femmes.
La majorité des béninois vivent en dehors des villes, dans les plaines côtières-au Sud- où les plus grandes villes du pays sont concentrées, notamment Cotonou et Porto Novo.
Le revenu des habitants est très faible, le smic est d’environ 50 000 Fcfa, soit 75 euros. En 2004, 12% des béninois sont sous alimentés. En 2009, plus de 65% des personnes n’ont pas d’accès à l’électricité. Le pays est classé dans les pays les plus pauvres du monde. Cette situation engendre le marché noir et des situations plus graves tels que les trafics d’enfants. Dans les villes, l’électricité est installée mais il ya fréquemment des coupures de courant, j’ai pu en recenser environ une par jour, variant de la demi heure à quelques heures, durant le temps de mon séjour.
II-3) la ville de Porto Novo [8]
La ville est située près d’une lagune. La frontière nigériane se trouve à environ12 km à l’Est. La ville ne s’est que peu développée pendant de nombreuses années. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation : l’importance économique de Cotonou, avec l’unique port autonome du pays, en a fait la ville la plus peuplée.
Depuis le renouveau démocratique béninois, la mise en place de la décentralisation et l’élection d’un maire fait que la ville semble revivre et se moderniser. Le fon, le gun et le yoruba sont les trois langues les plus parlées dans cette ville.
Aujourd’hui, la ville essaie de reconstituer son passé grâce à ses trois musées, à savoir le musée ethnographique, Honmè et le musée Da Silva.
La ville bénéficie d’un climat de type subéquatorial à l’instar de toute la partie méridionale du pays.
La température moyenne s’élève à 28°C. Le mois de mars est plus chaud (32°C) ; le mois d’août est le moins chaud (24°C).
« Porto Novo » veut dire « nouveau port » en portugais. Il semblerait que la capitale du Bénin doit son nom au navigateur portugais, Eucharistus de Campos qui trouva dans cette localité, en 1730, une ressemblance avec la ville de Porto au nord du Portugal.
D’un point de vue architectural, il est assez aisé de différencier le centre historique de la périphérie.
Le centre historique a une architecture qui ressemble à celle du Portugal : des maisons d’un étage ou deux, des toits plats et des murs colorés. En périphérie, les espaces sont moins denses, il y a plus d’espaces verts et les maisons sont plus neuves. C’est un espace résidentiel.
La ville porte deux noms supplémentaires : « Hôgbonou » qui signifie « l’entrée de la grande maison » en langue Fon et « Adjatchè » en langue Yoruba. La principale ethnie sur la capitale historique est l’ethnie Fon.
III) Le trafic d’enfants et le phénomène « Vidomegon » [9]
Depuis une dizaine d’années, le Bénin est connu pour être un pays où se pratique à grande échelle un phénomène unanimement dénoncé : la traite des enfants.
Des Organisations Non Gouvernementales (O.N.G.), l’UNICEF et certaines autorités locales engagent d’importants moyens financiers et humains pour lutter contre ce qu’elles estiment être un véritable fléau.
Ces enfants parfois s’enfuient. Cependant, il est rare qu’ils reviennent chez eux. Ne sachant pas où trouver leurs parents, ils finissent en ville et son livrés à eux même et aux dangers de la rue.
« Vidomegon » est un synonyme de protection, de formation et de socialisation de l’enfant.
Un « Vidomégon » est un enfant placé auprès d’un tiers afin qu’il puisse avoir une éducation ou un apprentissage. C’était autrefois une façon d’être solidaire entre les membres d’une même famille. Aujourd’hui, l’enfant est placé et traité comme un esclave. Des individus viennent dans les villages et promettent aux parents une certaine somme d’argent en échange d’un placement de leur enfant chez un tiers en ville. Ces enfants sont souvent maltraités, ils subissent des violences physiques et parfois des abus sexuels.
Le Bénin est une plaque tournante du commerce des enfants. Ce phénomène concerne des dizaines de milliers d’enfants, âgés entre 7 et 18 ans, chaque année. Les deux tiers concernées sont les filles.
Lorsqu’ils arrivent à s’échapper, ils n’ont que peu d’alternatives possibles. Certains deviennent toxicomane, délinquant et sombrent dans la prostitution. D’autres sont recueillit par l’assistance d’Etat, mais ne bénéficie pas d’un bon traitement faute de formations du personnel et des moyens insuffisants.
IV) La structure :
IV-1) L’Oasis de Tokpota
L’oasis de Tokpota est l’une des initiatives du programme « Bazar Sans Frontière ». BSF est une association d’insertion sociale et professionnelle spécialisée dans le recyclage et la valorisation de matériel usagé. Elle s’est engagée, il y a plus de 20 ans, à côté de sa mission sociale en France, dans l’aide au développement dans le Tiers Monde.
IV-1.a) Présentation de « Bénin Espoir »
Objectifs de la structure
« Bénin Espoir » est l’association qui soutient activement l’oasis de Tokpota.
Elle s’inscrit dans plusieurs champs d’interventions tels que l’animation de la vie associative, l’animation territoriale, la participation aux politiques publiques, le micro financement, l’éducation, la gestion de projet, l’alphabétisation, l’environnement, la société civile, la lutte contre la pauvreté, les Droits de l’homme, l’assainissement, la santé, l’eau.
Un accompagnement à des formations ainsi qu’au plaidoyer est aussi proposé. L’O.N.G fait office de groupe de lobbying, elle se bat pour le développement social, les questions relatives aux genres, les Droits et la protection de l’enfant, les Droits des Femmes.
Au-delà de la prise en charge des enfants, l’association s’emploie activement à la vulgarisation des Droits de l’enfants au quotidien, l’éducation des filles (scolarisation, santé hygiène, protection contre les MST), la lutte contre le mariage précoce et forcé, la réalisation de campagne de sensibilisation, la diffusion d’informations et l’éducation du public sur les problèmes liés au trafic des mineurs, la santé des filles et la violation de leur droit.
IV-2) L’Oasis de Tokpota
Le public visé
Ainsi, « l’Oasis de Tokpota » ouvre ses portes en 2012 avec une capacité d’accueil de quarante filles de 5 à 15 ans, leur offrant une formation et un lieu de vie. Les filles vivent en dortoirs. Il y a au total 6 chambres.
Des conditions décentes d’existence sont offertes : hébergement, nourriture, suivi santé, scolarisation, formation, loisirs. »
L’objectif de cette initiative est de lutter contre les situations de grande précarité que subissent les jeunes filles des rues. L’oasis de Tokpota vise à l’insertion dans la société civile pour ces filles.
IV-2.a) Les travailleurs au sein de l’association
Le conseil d’administration est composé de 9 membres. Il se réunit au minimum une fois tous les deux mois, alternativement au foyer l’Oasis de Tokpota ou chez la présidente à Cotonou.
Il est composé de la présidente est madame Gené Villaça. C’est à elle de valider les budgets. S’il y a un problème au centre elle est prévenue et peut faire appel aux services compétents. Elle préside les réunions du centre- elle est rarement sur le centre- du trésorier Eudes Dahoun et de la trésorière adjointe Thomasia Agbodjogbe, du secrétaire David Gahou et du secrétaire adjoint Laurent Mijehenou, du protocole Fulbert Sagbo et de son adjoint Florentin Gouhouede et d’une chargée des affaire sociales, madame Albertine Vignon.
George Dutreuil est présent sur la structure de façon ponctuelle car il habite en France. Il est le président de l’association « Bénin espoir » s’occupant des collectes de fonds en France qui doivent servir au déroulement des actions à l’Oasis de Tokpota.
L’équipe éducative est composée de 5 salariés :
La directrice du centre Edmée Say Guidi a son diplôme de juriste (bac +4). Pendant dix ans elle a géré un centre d’insertion des jeunes des rues. Au vu de son parcours militant, elle a été embauchée, à la suite d’un test, pour mener à bien les projets du centre. Elle est dans l’association chargée de projet et juriste.
Son travail consiste à chercher des financements pour le bon déroulement du centre, du point de vu logistique (la nourriture, l’éducation…). Elle s’occupe de créer le budget prévisionnel pour le mois.
Elle est aussi animatrice notamment avec les « causeries éducatives » organisés pour les filles. Ce sont des groupes de discussions où elles peuvent poser les questions qu’elles souhaitent sur la sexualité, la politique etc.
3 éducatrices sont sur le centre. Ces « tatas » s’occupent de la gestion du planning, du réveil des filles, des repas et du couché. Chacune d’elle fait 48 heures au sein du centre, c’est-à-dire qu’elles prennent la relève tous les deux jours à 18 heures. C’est un système de roulement. Lors des congés, elles ne sont que deux à faire le système de roulement.
Un répétiteur a été embauché 6 heures par semaine pour le soutien scolaire des filles (notamment en mathématique).
V) Les financements et les types d’actions
V-1) Financement provenant de BSF France/Bénin
Face à l’urgence sociale de ce problème de l’enfance, l’association française a tout mis en œuvre pour accélérer l’ouverture de l’association. Georges Dutreuil s’est engagé personnellement en achetant avec ses fonds propres la maison pouvant accueillir les filles.
En 2013, elle dispose de 30 000 € soit 20 millions de Francs CFA. 86% du budget est reversé directement à l’association béninoise pour le bon fonctionnement des locaux.
Ce budget s’est constitué avec les dons et les parrainages de français.
Les actions associatives organisées par BSF France/Bénin sont aussi une part conséquente du budget -dîners dansant, concerts et plus particulièrement la grande vente aux enchères d’antiquités qu’elle a organisée le 13 octobre 2012 a rapporté 27 000 € soit 18 millions de Francs CFA.
Les fonds JACPIAMU et DENIBER, tous deux abrités au sein de la fondation de France, soutiennent les projets depuis 2010 avec une somme de 5000 € chaque année.
V-1.a) Collectivités territoriales
Le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques a alloué le 6 août 2012 une subvention de 1500€ dans le cadre de son programme « Coup de Pouce » pour la mise en place d’un atelier expérimental de pâtisserie au sein du foyer.
V-1.b) Fonctionnement du parrainage
Il existe un système de parrainage au Bénin, allant de 1000 Fcfa (soit environ 1,5 euros) par mois à plus. L’argent va directement à l’association et non pas à l’une des filles en particulier. Ainsi il n’y a aucun « faux espoirs » ou déception pour les deux parties du à une attache. Les principaux dons viennent de France. La solidarité internationale est un appui considérable pour l’association.
Sans les financements, le projet ne peut pas fonctionner et les filles sont vouées à retrouver la vie de la rue. Aussi une bonne gestion est nécessaire. Rien que pour la nourriture, un total de 100 000 FCFA par mois est attribué pour les 17 pensionnaires (ce qui fait environ 150 euros).
L’électricité est une dépense de 60 000 Fcfa environ chaque mois (environ 90 euros).
V-2) Quels types de partenariats
Actions ponctuelles :
Le Rotary club[10] de Cotonou est venu donner des habits et des vivres : confitures, sac de riz… aux jeunes filles du centre en novembre 2012. L’action principale du Rotary est de favoriser l’entraide et la paix entre les pays.
Le Respesd[11] est une association visant à renforcer les liens entre les différents centres d’accueil du Bénin. Il milite pour la vulgarisation des droits de l’enfant et peut être un soutien moral voire financier en cas de problèmes survenant dans un centre.
L’association « Parfum d’Espoir » intervient chaque week-end auprès des filles. L’association est composée de 5 étudiants en 3ème année de faculté de langues à Porto Novo. Ils proposent aux plus jeunes un soutien en français avec l’apprentissage des sons de bases, la création de scénettes etc. Pour les adolescentes, ils offrent un soutien en anglais avec l’apprentissage de chansons et du soutien aux devoirs.
VI) La procédure d’élection des filles
Les jeunes filles bénéficiant de l’aide du centre sont orphelines d’un parent au moins. Ce sont les services sociaux béninois[12] qui repèrent les filles ayant une situation considérée comme d’urgence et le centre s’occupe ensuite de tous les frais pour elles.
Ce sont donc des enfants en situation de précarité et en danger qui sont accueillies. Le centre s’est spécialisé dans l’accueil des filles voulant suivre une scolarité. En effet, un constat a été fait, les structures d’accueil offre rarement la possibilité d’aller à l’école. Ces filles ont généralement eut accès à une scolarisation lors de leur vie. Aussi, le centre les accompagne dans les études.
VI-1) Pourquoi Porto Novo ?
Le choix de créer le centre à Porto Novo a été dicté par deux facteurs. D’abord, permettre l’accueil d’enfants en grandes difficultés, non loin de Cotonou, où les besoins dans ce domaine sont très importants et faiblement couverts. Ensuite, leurs recherches ont été guidées par un coût de l’immobilier qui est nettement plus abordable à Porto Novo.
Le quartier « Tokpota » est situé non loin du centre ville. Il est calme et résidentiel. Il est facile d’accès, par une voie pavée et éclairée la nuit. Un centre hospitalier est aussi situé non loin du quartier. Des boutiques de condiments, fournitures scolaires etc. sont tout le long de la voie principale.
Beaucoup d’artisans et d’établissements scolaires sont à proximité (le collège est à moins de 500 mètres et l’école primaire également). Cela facilite l’accès à l’éducation scolaire pour les filles. De plus, il est situé près du centre Songhaï[13], qui est une ferme d’insertion professionnel, ce qui fait que ce lieu a un atout supplémentaire. De nombreuses formations dans l’agriculture, le maraichage, l’élevage, la pisciculture, la transformation agro-alimentaire etc. sont possibles. Il est renommé à l’international. Nombre de stagiaires d’Afrique de l’Ouest y viennent pour suivre des formations qualifiantes.
L’Oasis de Tokpota est situé dans une voie sans issue. Il est peu visible. J’ai pu constater en parlant avec les habitants qu’ils ne connaissent pas l’existence du lieu.
L’oasis de Tokpota fait parti des rares centres en milieu urbain. Généralement, les centres d’accueil sont à l’extérieur des villes.
VII) En pratique
Les 17 filles que la structure accueil- de jour comme de nuit- ont pour certaines encore des contacts avec leur famille. Cependant, elles ont subit des parcours de vie compliqués. Certaines ont subit le mariage forcé, des agressions physique et/ou sexuelles, des maltraitances morales et des manques de soins primaires (manque de nourriture…). Aussi les réinsérer dans le foyer familial peut prendre du temps. Un travail est réalisé avec elles pour voir ce qu’il est possible de faire. Le suivi proposé est individuel. Des assistantes sociales peuvent venir sur le centre observer si le travail est bon.
L’objectif est de pouvoir réinsérer l’enfant si cela est possible, dans la famille. Le centre propose pour cela un soutien moral et un suivi, notamment des mères des enfants placées à l’Oasis.
L’Oasis de Tokpota se démarque des autres foyers d’accueil par le fait que c’est l’un des rares foyers qui propose aux filles de suivre une scolarité. Ainsi, les filles désirant continuer les études y sont envoyées.
Sur les 17 pensionnaires, seule une fille n’a pas intégré le système scolaire. Elle souhaitait au départ continuer mais suite à une rentrée trop traumatisante pour elle, elle n’a pas souhaité continuer. Il faut donc envisager son insertion professionnelle.
VII-1) L’insertion professionnel
Depuis quelques mois, le centre possède du matériel pour un atelier pâtisserie. Ils ont le four, les ustensiles de cuisine et les moules à gâteau.
Pour le moment, il n’a pas donné les fruits escomptés. Il n’y a pas de commandes. Les filles, suivant une scolarité, n’ont pas le temps de s’occuper de cet atelier.
Aussi, pour lancer cette initiative, Edmée Say, la chargée de projet et juriste de l’association (ma tutrice), a discuté avec Martine qui n’a pas encore de formation. Il a été convenu avec elle qu’elle suivrait une formation dans la pâtisserie, au centre Vignon[14] de la commune d’Adjohoun pour pouvoir ensuite former d’autres personnes du centre, mais aussi de l’extérieur. Cela permettrait au centre d’avoir une ouverture sur l’extérieur.
Un projet est en cours d’élaboration en ce qui concerne cet atelier. La directrice aimerait proposer des formations aux femmes (notamment les mères des filles du centre), pour qu’elles apprennent ainsi un métier et qu’elles puissent sortir leur famille de la précarité.
VIII) Logistique de mon voyage
Avant mon départ
J’ai fais les vaccins exigés[15] et j’ai pris un traitement contre le paludisme.
Au niveau des achats, j’ai prévu une moustiquaire et des sprays anti-moustique.
Les échanges avec ma tutrice de stage ont été nombreux, notamment en ce qui concerne le logement, le projet en lui-même et mes dates et conditions d’arriver.
En ce qui concerne le budget, je me suis arranger pour autofinancer mon voyage de façon à ce qu’il ne me revienne pas à trop cher.[16] Je sous-loue mon appartement à Bordeaux, ce qui me permet le défraiement total de mon billet d’avion ainsi que des transports internationaux entre le Burkina et le Bénin.
VIII-1.a) Le logement, les repas
Après avoir discuté avec l’association, nous avons convenu que je dormirais au sein du centre, dans une chambre individuelle. Ce logement est offert à titre gracieux durant la totalité du stage.
Pour les repas, j’ai la possibilité de manger avec les filles ou seule, à ma guise.
VIII-1.b) Le passeport, les visas
Je me suis procuré un passeport auprès de la mairie de Bordeaux.
En ce qui concerne les visas, je suis passée par l’ambassade du Burkina Faso située à Montpellier.
Pour le visa du le Bénin, je suis allée directement au consulat situé à Bordeaux.
VIII-1.c) Les transports
Le transport à été le point le plus compliqué à organiser. Je devais initialement partir au Burkina Faso pour mon stage de seconde année. J’avais déjà les billets d’avion au départ de Bordeaux jusqu’à Ouagadougou et l’assurance contracté ne me permettait pas de changer les vols.
Edmée, ma tutrice, m’a mit en contact avec son frère étudiant à Ouagadougou. Mon avion à atterrit à 1h00 du matin, il est venu me chercher et m’a emmener jusqu’à un hôtel. J’avais réservé quatre jour avant mon départ de France une place dans un car climatisé pour le dimanche matin, mais la réservation n’a pas été prise en compte.
Au final, j’ai trouvé un car le lendemain de mon arrivé au Burkina Faso pour me rendre à Cotonou. Arrivée à Cotonou, c’est une amie d’Edmée- ma tutrice de stage- qui m’accueille pour la nuit. Le lendemain, Edmée vient me chercher pour mon premier contact avec l’association.
D’Ouagadougou à Cotonou, j’ai fait 25 heures de route. Je suis arrivée à l’association le mardi 25 mars. Pour le retour, je fais le chemin inverse avec cette fois un car climatisé.
L’avion partait le samedi 11 mai à Ouagadougou. J’ai donc pris l’autocar du mercredi 8 mai à Cotonou.
IX) Mon projet au sein de l’association
IX-1.a) le projet initial
Forte de mes expériences passées sur les publics de ces âges, j’ai d’avantage laissé place à la parole des participantes. Je me sens plus en confiance pour gérer des animations de façon autonome avec les publics.
Cette année, nous avons étudié Alinski et Freire, deux auteurs qui par leurs points de vue théoriques mais aussi par leurs mises en place sur le terrain, nous démontrent que pour qu’un projet soit « efficace », il faut que les personnes deviennent les acteurs de celui-ci. Pour cela, il faut une bonne connaissance du terrain et du public. Cela m’a inspiré dans mes activités.
Au départ, je comptais mener des animations autour de l’inter culturalité. Je me suis rendue compte dès la première semaine qu’il y avait d’autres urgences pour ces filles. Aussi, j’ai préféré orienté ma réflexion vers trois thématiques majeures : leur propre culture, le respect de l’environnement et le respect de soi et des autres.
Ces projets d’animations viennent de mon regard extérieur sur la culture béninoise. La formation dont j’ai bénéficié à l’I.U.T. Michel de Montaigne m’a permit d’aborder une démarche anthropologique dans mon travail de terrain.
IX-1.b) Evolution des activités
Mon travail a commencé par l’apprentissage des prénoms. Pour un travail efficace, cela me parait nécessaire, en tant qu’animatrice. Aussi, nous avons commencé par une animation de présentation. Les filles devaient penser à une chose qu’elles aiment et une autre qu’elles n’aiment pas, de façon individuelle et le dire au groupe. Ensuite elles le notaient sur une feuille.
L’objectif est de les mettre en confiance. Dans cette animation, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. J’ai été confronté à la timidité des participantes. Cependant, elles ont toutes répondues. Dans la soirée, j’ai ressortis les papiers et elles ont deviné qu’elle était la fille qui avait répondue. Le groupe a été plus détendu et spontané lors de ce second temps.
J’ai organisé un atelier pâtisserie profitant du matériel du foyer. Nous avons fait des spécialités béninoises et je leur ai enseignée à faire des crêpes bretonnes.
Ce mélange pâtissier a favorisé l’échange et a permit aux jeunes de découvrir une part de ma culture, à travers la gastronomie.
La première semaine des vacances scolaire a été l’occasion d’une visite au musée « Da Silva »[17]. Les adolescentes étudient en ce moment le sujet de l’esclavage à l’école.
Par la suite, deux temps de discussions ont été organisés. L’un en grand groupe pour parler des possibilités d’animation en vu du matériel que possède le centre. L’autre en petit groupe pour qu’elles décident des possibilités d’expressions. La concertation amène à une scénette sur l’esclavagisme moderne des enfants, « les vidomegons »[18], des danses et des chants, et des peintures sur ce qu’elles ont retenu du musée.
La scénette :
La pièce a été présentée en français par les plus grandes et en fon (langue locale) par les plus jeunes.
Le but de l’activité a été de faire jouer les filles afin qu’elles puissent s’exprimer sur un sujet les touchant particulièrement : le placement des enfants, et ainsi d’amener une réflexion sur comment lutter contre ce phénomène.
Les danses et chants :
les chansons devait traiter du sujet de l’esclavage et être composée par elles même. La consigne n’a pas été respectée. L’une d’elle a crée une chanson, mais sur la vie à l’Oasis de Tokpota, les autres ont repris les chants traditionnelles béninois. Les 8 plus jeunes dansaient et chantaient, 3 des plus grandes jouaient la percussion, le casquaït et le gond[19].
Les peintures :
L’activité peinture a été un succès dans le sens où chacune des filles à représenté ce qui les avaient marquée au musée. Elles en ont ensuite discuté avec moi.
Elles ont toutes faits deux peintures sur le sujet. L’objectif principal était que les filles puissent utiliser un mode d’expression qu’elles n’ont pas l’habitude d’utiliser. J’ai profité des ressources en peinture du foyer d’accueil pour leur proposer cette activité.
IX-2) Les limites des animations
Chacune des filles a déjà une place établie au sein du groupe avec des « compétences » données par celui ci.
Lors de l’atelier danse, j’ai voulu mélanger les niveaux de danse car lors des animations, je ne valorise pas la performance mais l’effort l’investissement. Cela a provoqué des situations de tensions car elles ne voulaient pas que certaines dansent. Je l’ai compris qu’après l’animation car je n’interdisais pas aux filles de parler le fon lors de mes animations.
En ce qui concerne le respect de la consigne : parler de l’histoire du Bénin, j’ai toléré qu’elles la détournent car le but était qu’elles s’épanouissent dans l’activité. En y réfléchissant, je ne referais pas cette erreur car elles se sont reposées sur leurs acquits et n’ont pas eut recours à leurs réflexions personnelles.
A mon arrivée au centre, je pensais que le groupe était assez homogène et enjoué. Au final, il a été parfois difficile de motiver certaines des plus grandes.
Le fait que je ne parle pas et que je ne comprenne pas le fon a joué dans la sensation de manque d’autorité que j’ai pu avoir lors des activités. J’ai eu du mal à me faire écouter. A certains moments, il a fallu que je demande le silence plusieurs fois car elles continuaient à discuter en fon.
Elles vivent ensemble et il arrive qu’il y ait des tensions entre elles. La cohésion du groupe devait donc se construire chaque jour en réglant d’abord les problèmes de façon individuelle afin que chacune puisse participer avec un esprit positif aux animations.
Nous en avons discuté lors d’une réunion avec la directrice. Je lui ai parlé du fait que je n’arrivais pas à motiver certaines filles, notamment l’une des plus grandes, qui influençait le groupe vers l’inaction.
Elle m’a expliqué qu’au début, elle avait eut les mêmes problèmes avec cette fille, qu’il lui fallait seulement du temps pour se dévoiler et écouter.
Ces jeunes filles ont toutes vécut des situations compliquées voire traumatisantes, aussi, je pense qu’il faut savoir faire preuve de patience avec elles.
Au fil des semaines, j’ai remarqué que l’adolescente qui me posait quelques problèmes au départ était à l’heure aux animations. Elle a commencée à participer de façon positive en donnant des conseils aux autres, en proposant des idées.
La seconde semaine des vacances a été consacrée à l’environnement. Au Bénin il est normal de tout jeter par terre. Ayant conscience de l’intérêt de préserver son milieu environnemental, j’ai pris l’initiative de monter des animations autours de ce sujet. La ville est remplie de détritus que l’on retrouve à moitié ensevelit dans la terre, sur les routes, dans l’eau, partout.
Le centre Songhaï milite pour le développement durable de l’Afrique. L’un des centres-il y en a trois au total au Bénin- se situe à moins de 500 mètres de l’Oasis de Tokpota. C’est un centre d’insertion professionnel pour les jeunes béninois, mais aussi au niveau international.
Nous avons visité le lieu, accompagné d’un guide, sur un après midi. Les filles avaient préparées des questions qui ont trouvées un écho. Elles se sont aussi renseignées pour des possibles stages d’insertion professionnelle.
Cette visite a été complété par un livre d’images[20] sur comment récupérer les eaux et les rendre potable, ainsi que par un court-métrage[21] sur l’environnement.
Elles ont inventé une chanson sur le thème de l’eau, nous avons échangées sur comment faire à notre échelle pour avoir un impact positif sur l’environnement.
En se servant de l’une des images du livre, je leur ai demandé de monter une scénette en français.
Ce travail a été plus abouti que le précédent car j’ai réévalué le niveau des filles. J’ai pu les encadrer de façon plus efficace en expliquant les consignes de façon plus construite.
Connaissant mieux le groupe et les personnes le composant, les échanges ont été plus riches. Je me suis d’avantage affirmée en ce qui concerne l’encadrement des filles et les limites à respecter lors de mes animations.
Vivre dans le centre m’a permit d’avoir conscience de plusieurs réalités. En effet, le comportement des filles changent en fonction du nombre et de filles qui se trouve à l’Oasis de Tokpota et en fonction des éducatrices présentes.
Aussi, j’ai travaillé avec les moins de 12 ans sur la confiance en soi. En effet, lorsque le soir, toutes sont là, il est rare d’entendre l’une des petites exprimer ses opinions. Elles se contentent de faire ce que les plus grandes leurs disent de faire.
L’animation fard a été la slackeline. J’en ai personnellement amenée une de France. Cet outil m’a permit de travailler avec les filles sur leur corps et les sensations d’équilibre.
Cet animation a été suivit d’un travail d’expression corporelle dans l’espace :
Les six jeunes dansent et lorsque je coupe la musique, elles ne doivent plus bouger et ne pas se toucher. Au fur et à mesure, l’espace est rétrécit jusqu’à ce qu’elles soient obliger de se synchroniser pour ne pas se toucher. Grâce à cette animation, elles communiquent aux autres sur leur situation corporelle et sur la technique à aborder pour respecter la consigne. L’objectif des deux animations était donc de pouvoir ressentir son corps et de pouvoir partager avec les autres une expérience commune.
Les animations étaient ensuite suivit d’un moment de discussion sur ce qu’elles avaient ressentit.
Mon travail au sein du centre a été aussi basé sur l’écoute des filles et sur le respect de l’autre.
J’ai menée avec les plus grandes une « causerie éducative » sur la notion d’intégrité et sur celle du respect de son image.
Les filles sont en situation où chaque écart peut être perçut d’une façon très mauvaise par les habitants. Du fait qu’elles soient placées, si l’une d’elle « faute », c’est l’image du centre tout entier qui est dégradé.
Les collégiennes du centre de l’Oasis arrivent souvent une heure après leur sortis des cours, bien que leur collège soit situé à quinze minutes de marche.
L’un des étudiants de l’association « Parfum d’Espoir[22] », qui est aussi le voisin de la structure d’accueil, a remarqué l’heure tardive d’arrivée des filles au centre. Lors de leur rapport[23], ils ont mit en avant ce problème. En effet, pour eux, il y a un manque de vigilance de la part des éducatrices sur les heures d’arrivée des filles. Etant donné leur faible niveau en classe, il faut veiller à ce qu’elles soient là à l’heure pour faire les devoirs.
Après en avoir discuté personnellement avec eux, ils m’ont expliqué qu’en Afrique, il n’est pas rare qu’une fille de 13 ans ait un rapport sexuel avec un garçon. Aussi, les éducatrices du centre doivent veiller au maximum à ce que cela ne se produise pas car cela peut mettre en péril l’existence du centre si un cas de filles mères, de MST etc. a lieu.
Cette discussion sur l’intégrité et l’image de soi m’a aussi permit de savoir comment les adolescentes voyaient leur avenir. Pour le moment, elles n’ont pas des projets très ambitieux. Beaucoup croient moyennement en leurs capacités de continuer les études après le BEPC.
Aussi, lors de mes discussions j’essaye de mettre au maximum leurs compétences en avant. J’essaie de valoriser leurs acquits tout en leur montrant les possibilités de faire mieux.
IX-3) La messe
Au centre Songhai, une messe est proposée tous les dimanches à partir de 9h00. La directrice m’en a parlée et j’ai exprimé le désir d’y emmener les filles.
Je suis athée, cette sortie était avant tout pour que les filles puissent évoluer en dehors de la structure en suivant un minimum de règles.
3 sorties sur les trois dernières semaines ont été organisées. J’ai remarqué des évolutions importantes en ce qui concerne le comportement du groupe. La première fois, il a été très dur pour moi de garder le groupe uni. Les plus grandes voulaient toujours prendre de l’avance, les filles ne m’écoutaient pas en ce qui concerne les règles de sécurité, je devais me répéter plusieurs fois.
Dans le courant de la semaine, nous en avons discuté ensemble. Je leur ai expliqué que nous ne pouvons pas nous permettre de partir de façon individuelle pour des simples mesures de sécurité.
Le message est passé car leur comportement a radicalement changé les fois suivantes. Je n’ai pas eu de problèmes à relever.
IX-4) Le travail de terrain
Travailler avec les filles dans la structure a été durant la première moitié de mon stage ce qui a le plus occupé mon temps. A mi-parcours, mon stage a évolué vers du travail de terrain. J’ai continué les animations avec les filles, mais j’ai aussi commencé à visiter les structures aux alentours en vue de partenariats possibles.
J’ai notamment repris contact avec la structure française Jeunes à Travers le Monde[24] qui propose l’envoi de français en stage de trois mois dans des structures béninoise.
Je connais particulièrement bien JTM car je suis moi-même partis en volontariat en Espagne grâce à eux. Les contacts ont été positifs. Le président de l’association étudie en ce moment le dossier.
Grâce à mes contacts, le centre a l’opportunité d’avoir un professeur d’informatique donnant des cours d’initiation et de soutiens en informatique aux filles de l’Oasis à partir de la rentrée prochaine.
Avant mon départ, la directrice m’a demandé un carnet d’animations pour occuper le temps libre des filles lors des vacances d’aout, quand elles seront au centre Vignon. Ce livret propose 18 animations adaptées à l’âge des filles[25]. J’ai aussi pensé aux animatrices avant de proposer ces animations et j’ai essayé de mélanger animations dynamiques et plus douces suivant les moments de la journée et les goûts des animatrices.
Avec le recul, je pense qu’il y aurait eut plus d’intérêt pour le centre que je commence le travail de partenariat au début de ma venue. J’aurais pu ainsi former des contacts plus solides avec les partenaires potentiels. Cependant, les vacances scolaires étaient aussi le moment opportun pour les animations.
X) Bilan du stage
X-1.a) Point de vue professionnel
Le stage s’est passé en deux parties distinctes et complémentaires. La première a été une partie d’animation en contact avec le public du centre. La seconde a été un travail de terrain en dehors de la structure qui m’a permit de comprendre d’autres réalités structurelles dans la lutte pour l’égalité et pour le droit des enfants.
Durant les animations avec les filles, j’ai pris conscience qu’il fallait que j’incarne d’avantage l’autorité. Les adolescentes me voyaient comme un mélange entre une copine et une animatrice. J’ai donc revu ma posture en imposant des objectifs d’animations clairs avec elles afin que le travail soit enrichissant pour nous toutes. Je me suis sentie plus à l’aise dans le travail avec les plus jeunes car je n’ai pas eu besoin d’exagérer mon autorité.
J’ai été confrontée à des problèmes de violences entre elles. Il arrive aux plus grandes de taper les plus jeunes et elles ne parlent pas correctement. J’ai donc opposée une résistance contre ces pratiques. Quiconque tapaient se voyaient devant faire des excuses et j’ai parfois exclu certaines filles du groupe pour un moment.
Au fur et à mesure, elles se sont habituées à cette consigne et les problèmes de violences ne se sont plus trop posées au sein des animations et devant moi.
Travailler dans un centre d’accueil demande de la patience et un réel amour pour les enfants. Cela implique une énergie considérable pour des résultats parfois moyens. Certaines d’entre elles sont très dures voire même difficiles à motiver et peuvent bloquer le groupe par leur nonchalance.
Cette expérience est d’un point de vu professionnel une opportunité. En effet, j’ai repris contact avec l’association « Jeunes à Travers le monde » et j’ai appris à développer des partenariats.
De plus, je connais maintenant assez bien Porto Novo et ses quartiers car j’ai mis un point d’honneur à découvrir mon environnement. Cela m’a servi pour rencontrer des partenaires gérant d’autres centres sociaux et j’ai ainsi eut conscience des différentes façons de gestion d’un centre.
J’ai parfois trouvé compliqué de travailler et de vivre dans le même lieu. Cela a un coté rassurant lorsque l’on ne connait pas la culture environnante. Mais cela implique aussi de respecter certaines règles en ce qui concerne les allers et venues et j’aime trop pouvoir disposer de mon temps comme je le souhaite sans devoir demander des permissions de sorties. Dans mes futures expériences professionnelles je ne souhaite pas vivre et travailler dans le même milieu même si je suis dans un pays étranger.
Travailler dans cette structure au Bénin me sert aussi à comprendre les problématiques qui se posent dans les structures françaises.
La recherche de financements, le bien être et la sécurité des public, ainsi que leurs devenirs sont des points que l’on retrouve dans le monde associatif en général.
Les relations humaines est l’un des points fondamentale dans le travail d’animateur. Il faut savoir travailler sereinement et en prenant en compte son environnement (le public, le personnel etc.)
X-1.b) Point de vue personnel
Cette immersion sur le continent africain a défait certain de mes préjugés. Je connais d’avantage l’histoire du pays mais aussi de l’Afrique de l’Ouest.
J’aimerais l’année prochaine intégrer une faculté d’anthropologie, aussi expérimenter la vie en dehors de la culture occidentale a été bénéfique dans la confirmation de mon projet de poursuite d’étude.
Je ne pensais pas que la place de la religion était aussi importante en Afrique. Ils prennent pour acquit le fait que chaque personne croit en un Dieu. Il y a une très grande tolérance en ce qui concerne le culte. Il n’est pas rare qu’une personne croit en plusieurs Dieux –c’est ce que l’on appel l’animisme- et mélange les cultes suivant sa propre conception de Dieu.
Au Burkina Faso, certains postes de fonctionnaires ne sont attribués aux hommes que s’ils sont mariés. C’est une étape indispensable pour quiconque espère obtenir un statut social, car il est censé montrer que l’on est bien intégré dans la société.
La place de la femme est de mon point de vue encore trop peu privilégiée. Les hommes ont certains avantages de libertés qu’ils ne veulent pas partager. Les femmes ne décident pas seules. Si elles veulent quitter leur famille, elles doivent se marier. L’autonomisation et le choix de la vie menée est assez contraint par ces deux facteurs, même chez les femmes les plus émancipées. Il est aussi fréquent que l’homme ne prenne plus ses responsabilités face à un futur enfant. Cela plonge certaines femmes et leurs enfants dans la précarité la plus totale. Le fait d’être une femme a souvent limité mes contacts avec les hommes. En effet, être une femme française émancipée et sans mari semblait parfois rimer pour eux comme femme facile.
En Afrique de l’ouest, dans les villages, il est normal que les enfants travaillent comme les adultes. Cela est un revenu supplémentaire pour les familles. La majeure partie du temps, les parents acceptent que les adultes donnent à leurs enfants des tâches à effectuer. L’enfant est soumit à l’autorité parentale mais aussi celles des autres adultes. Chez les personnes ayant un train de vie confortable, les enfants font des études. Le rythme de vie est « occidentalisé ». On retrouve le même confort de vie qu’en Europe, mais à l’africaine.
L’image de la France est valorisée. Beaucoup de grandes sociétés africaines de l’ouest sont contrôlées par la France.
En tant que française, les personnes avaient tendance à m’accorder certains privilèges et à m’écouter parler. Dans les media, je pense que l’image du blanc est surreprésentée par rapport à la proportion de blanc dans le pays. Lorsque je passais dans la rue, les enfants mais aussi les adultes me saluaient d’un « Bonjour yovo[26], bonne arrivée ».
Beaucoup d’africains militent pour leur culture et sa reconnaissance. Ainsi, j’ai rencontré des étudiants ayant eu la possibilité d’étudier en France et au Canada, mais préférant rester sur leur continent afin de montrer qu’il est possible d’avoir un niveau d’étude élevé sans quitter l’Afrique. De plus, l’art africain est présent de façon quotidienne, dans les chansons et la musique notamment.
Du point de vue des associations et O.N.G., la société civile est très organisée. Les femmes et les hommes militant sont engagés et n’hésitent pas à soutenir les actions avec parfois leurs fonds propre.
L’humanité, l’humilité, l’intégrité et la sympathie sont des mots qui correspondent parfaitement à mon stage et aux militants que j’ai pu rencontrer.
[1] Association de cinéma à Rennes
[2] Ibid.
[3]« l’histoire de mon pays » Jean Plyia, librairie notre Dame, 3ème edition 1992.
[4] http://www.tresor.economie.gouv.fr/2180_Leconomie-beninoise-en-2010-et-perspectives-20112012
http://www.consulat-du-benin.fr/site/le-benin/
[5] La Batukada est un défilé musical où les personnes dansent et jouent de la musique brésilienne
[6] http://www.consulat-du-benin.fr/site/infos-pratiques/langues/
[7] http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=BEN&codeTheme=1&codeStat=SP.POP.TOTL
[8] http://www.villedeportonovo.com/
http://www.beninensis.net/Histoire_de_Porto-Novo.htm
[9] http://www.mouvements.info/La-lutte-contre-le-trafic-d.html
[10] http://www.rotary-benin.org/rotarypresentation.php?club=1
[11] Voir annexe page 9
[12] Notamment le centre de promotion sociale de l’Ouémé (l’Ouémé est la région de Porto Novo)
[13] http://www.songhai.org/english/index.php?option=com_content&view=article&id=56&Itemid=78
[14] Voir annexe page 10 centre Vignon
[15] http://www.astrium.com/Benin-BJ.html
[16] Voir annexe du budget prévisionnel page 10
[17]www.dasilva.com
[18] Voir page 11 pour la définition
[19] Instruments traditionnels africain mit à disposition par le centre
[20] « Agua de beber » de Leni Vasconcellos
[21] Bouba et Zaza, dessin animé de la collection de livre de jeunesse initié par l’UNESCO
[22] Voir page 15
[23] Rapport qu’ils ont écrit sur la structure Oasis de Tokpota et le comportement des filles du centre.
[24] Adresse web
[25] Voir annexe pages 11 à page 13
[26] Yovo : blanc en langue fon